lA PENSEE
En partant pour la guerre,le puissant et redoutable seigneur,Comte de Chêneplancy,avait barricadé dame Rosalinde son épouse de dix-huit ans,en ses appartements
*Et que je ne vienne pas apprendre qu'en mon absence galant....
Sa grimace coutumière avait fait frissonner la pauvrette.Lors,depuis elle attendait son retour en filant de la laine.Un jour,le son d'un cor manda le pont-levis.<<Déjà lui>>,faillit dire Rosalinde,mais en son lieu et place un écuyer de noble figure,aux vêtements gris de poussière,vint mettre un genou devant elle.
*Noble dame Rosalinde de Chêneplancy,dit-il j'ai le triste honneur d'annoncer à vos gentes oreilles que le Comte votre époux a péri en combat singulier.
*Las... quel malheur!...s'exclama Rosalinde,mais le ton manqua de chaleur,ça venez,reprit-elle s'adressant au bel écuyer,je m'en vais en haut de la tour disperser à son intention mes fleurs préférées qu'emportera le vent.
Et de monter,suivie du méssager,en tenant serreés des fleurs à cinq larges pétales d'un beau violet.
*Seigneur mon époux,dit-elle d'un ton plaintif,oyez ces tristes messagères de ma pensée,elles vous diront....
A la dérobée,elle jeta un coup d'œil sur son compagnon qui regardait d'un vif intérêt une boucle soyeuse s'échapper du hennin.
*Elles vous diront,reprit Rosalinde en rougissant d'émoi,combien affreuse est votre mort.
A ce moment,la Comtesse poussa un cri et s'évanouit dans les bras de l'écuyer.A ses pieds,gisait le bouquet de ses pensées dont chacune maitenant s'ornait d'une sorte de rictus flamboyant,semblable à la grimace habituelle du feu Seigneur de Chêneplancy
Arlette de Pitray
J'espère que çà vous plaira
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